L’Arche de Quinoa

L’Association Kokopelli a l’extrême plaisir de lancer “l’Arche de Quinoa”, une campagne constructive, fertile et surtout participative. Nous invitons tous nos alliés, Gardiennes et Gardiens de Semences, à s’engager avec nous dans cette aventure.

Pour la libération de la Chisiya Mama !

Cette campagne a, comme premier objectif, d’inspirer tous les détenteurs de fictions juridiques portant sur la Quinoa (COVs et autres brevets) à remettre leurs variétés “protégées” par l’UPOV sous la protection des paysans et des Peuples qui en sont les Gardiens et les Gardiennes depuis de nombreux millénaires. Ces “brevets”, constituent une insulte à la Mémoire des Peuples Andins et une insulte à l’héritage de ressources génétiques et de trésors alimentaires que ces Peuples Premiers ont légués à l’humanité, en sus de la Quinoa : les pommes de terre, les piments, les tomates, les haricots, les courges, les physalis, les maïs, les amaranthes à grains, etc – le fruit de leur coévolution, depuis plus de 12 000 ans, avec la Pachamama.

Le second objectif est de promouvoir, toutes les variétés de Quinoas qui ont déjà fait leurs preuves d’adaptation à des écosystèmes divers afin de permettre aux paysans Européens de se libérer du marché captif, et scandaleusement onéreux, des semences de quinoa sous COV. La voie la plus fertile pour se débarrasser des multinationales de la Semence – et de leurs breveteurs/maquignons patentés – c’est de ne rien leur acheter !

Le troisième objectif est d’inviter des milliers de jardiniers – en France, en Belgique et en Suisse – à cultiver une variété de quinoa (offerte par Kokopelli), cette année même. L’Association Kokopelli propose, ainsi, d’envoyer un sachet de semences bios de quinoa en échange de quelques photos glanées durant la saison de croissance et le remplissage d’une fiche d’évaluation agronomique fournie avec les semences.

Le dernier objectif – et le plus important – implique la collaboration de tous : sensibiliser un maximum de personnes sur les enjeux agronomiques, sociaux et environnementaux de la Quinoa. Quelle est l’origine de la Quinoa consommée en France ? Elle provient du Pérou, de la Bolivie ou de la France. Cela signifie que le consommateur, aujourd’hui, cautionne l’exploitation des paysans de l’altiplano Andin ou la culture en France de variétés cultivées sous obtention. Il est, donc, urgent de dynamiser des solutions réellement éthiques et durables. Parlez-en dans vos magasins, faites bouger les lignes !

* Qu’est-ce qu’est un “Droit d’Obtention Végétale” ou “Certificat d’Obtention Végétale” (COV) ?

Un peu d’histoire

Les particularités du monde végétal et de la sélection variétale ont conduit les Etats à créer un régime particulier de droits de propriété intellectuelle, distinct du régime classique des brevets industriels. C’est ainsi qu’a été signée, à l’initiative de la France, le 2 décembre 1961, la première Convention internationale de l’Union pour la Protection des Obtentions Végétales (UPOV), qui mettait en place le Droit d’Obtention Végétale (DOV).

Ce régime de propriété intellectuelle a connu une certaine expansion, à l’échelle de la planète, par le biais des accords ADPIC, signés en 1994 sous l’égide de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). En effet, ceux-ci exigent l’adoption par les Etats membres d’un « système sui generis efficace » pour la protection des variétés végétales. Ces dispositions ont conduit les Etats à adhérer massivement à l’UPOV, qui rassemble aujourd’hui 74 Etats parties. Cette convention internationale a ensuite été amendée à plusieurs reprises, en 1972, en 1978, puis, dans des proportions plus importantes, en 1991.

Bien que l’Union Européenne n’ait adhéré à la Convention UPOV 91 qu’en 2005, un régime de protection des obtentions végétales, directement inspiré de cette convention, a été institué par la législation communautaire dès 1994 (Règlement n° 2100/94).

En France, le Certificat d’Obtention Végétale (COV) était régi, jusqu’à récemment, par une loi du 11 juin 1970, très restrictive pour les utilisateurs de semences protégées. La loi du 8 décembre 2011 a codifié le régime français aux articles L.623-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle, tout en le durcissant encore.

Particularités de ce régime

La particularité du droit d’obtention végétale était, à l’origine, de permettre aux sélectionneurs de créer de nouvelles variétés à partir des variétés protégées de leurs concurrents, sans avoir à signer avec eux des contrats de licence ni leur payer des royalties.

De même, la pratique des « semences fermières », qui consiste pour l’agriculteur à semer le grain récolté, était si ancienne et évidente en 1961 que personne n’avait pensé à l’interdire dans le régime juridique d’origine et elle restait donc tout à fait possible pour les utilisateurs de variétés protégées.

Quatre conditions sont posées à l’octroi du DOV : Nouveauté, Distinction, Homogénéité, Stabilité. Le critère de nouveauté n’implique pas d’activité innovante particulière, mais impose seulement que, à la date de dépôt de la demande de droit d’obtenteur, la semence n’ait pas déjà fait l’objet d’une vente ou d’une exploitation commerciale. Le critère de distinction, quant à lui,  signifie que la variété candidate doit se distinguer nettement « de toute autre variété dont l’existence, à la date de dépôt de la demande, est notoirement connue ».

Ainsi, le DOV permet tout à fait de :

  • s’approprier des ressources dont l’existence n’est pas particulièrement connue, ou font simplement l’objet d’une « découverte » ;
  • s’approprier des variations mineures de ressources appartenant au domaine public et issues du travail millénaire des paysans ;
  • s’approprier le résultat de simples croisements entre des ressources appartenant au domaine public et issues du travail millénaire des paysans.

Contrairement au régime du brevet, il n’y a donc pas de contrôle de l’activité inventive dans le régime du DOV. Ce régime permet ainsi une appropriation facile du vivant et une forme de spoliation du travail réalisé précédemment par des générations d’agriculteurs. 

Un rapprochement inéluctable avec le régime du brevet

Au fil des différentes révisions de la convention UPOV, le régime du DOV a eu tendance à se rapprocher de celui des brevets. En 1991, en particulier, la Convention UPOV a subi des modifications majeures :

  • l’exception prévue au bénéfice des sélectionneurs a été très sensiblement réduite, par l’introduction de la notion de variété « essentiellement dérivée ». Ainsi, l’autorisation de l’obtenteur est désormais requise si la variété nouvellement sélectionnée dérive essentiellement d’une variété déjà protégée. De quoi vider le régime du DOV de l’essentiel de son sens.
  • le droit pour les agriculteurs de semer le grain récolté, baptisé « exception de l’agriculteur » a été supprimé, pour se transformer en une obligation de payer au sélectionneur des royalties, appelées « rémunération équitable », sur chaque cycle de reproduction des semences.

Ainsi, le régime du DOV, qui permet une appropriation facile du vivant, exproprie les agriculteurs de leur héritage et se ménage une situation de rente à leur frais, n’a plus rien à envier, aujourd’hui, à celui du brevet.

Pour plus d'information, retrouvez les deux articles de Dominique Guillet

Quinoa : le bio-piratage au coeur de l’Anjou

Les objectifs primordiaux – et déclarés – de cet article sont de mettre en exergue certaines pratiques commerciales dans le secteur de la production et de la distribution de la quinoa bio – que cela soit la quinoa bio Bolivienne ou la quinoa bio produite en France, sous licence – et tout simplement de susciter une campagne internationale mettant fin à toute attribution de brevets – et autres COVs selon le jargon pathologique et insensé de la Matrix agricole biocidaire – sur cette espèce alimentaire, emblématique des Peuples Andins, qu’est la Quinoa, la Chisiya Mama. Les Peuples Andins ont été martyrisés depuis 500 ans par la Peste Occidentale: ne pourrait-on pas leur laisser au moins la Quinoa – symboliquement?

Chez Kokopelli, nous protégeons le domaine public depuis 23 ans. Mais “domaine public” ne signifie pas que les variétés de Kokopelli soient tombées du ciel. 

La Quinoa dans le Réseau Biocoop :

de l’exploitation des paysans de l’Altiplano Bolivien à la promotion de variétés captives cultivées en France

Le 8 mai 2016, le Réseau Biocoop a fait circuler – parcimonieusement pour ne pas attirer l’attention, outre mesure – une réponse à mon article “Quinoa : biopiratage au coeur de l’Anjou” en invalidant, sans les invalider, mes informations ou tout simplement, en bottant en touche. Est-ce une technique New-Age pour traiter son interlocuteur de menteur, de façon non-violente, ou est-ce, tout simplement, l’expression du désarroi de la direction du Réseau Biocoop pris au piège de ses prétentions/diversions, de ses amalgames ou de ses silences, quant à la problématique très épineuse de la quinoa ? Le Réseau Biocoop va-t-il tenter une dernière planche de salut, beaucoup moins savonneuse que la précédente, pour surfer, avec brio, et avec le bon vent, sur tous ces scandales de la quinoa, avec ou sans saponines ?